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Big Chose
24 mai 2009

Psychothérapie de minuit ! 2ème partie !

Le bac en poche, il a bien fallu savoir où aller. On ne m'avait jamais donné l'occasion de réfléchir à quoi que ce soit sur mon avenir. "Faut que tu fasses médecine, ou bien pharmacie, ou bien notaire", vous savez, quoi, ces métiers bien vus à la campagne !

Et moi dans tout ça ? Ben moi plus petite, je voulais être factrice (si, si, c'est vrai). Et avec le recul, j'aurais aimé être psychologue. C'est un peu tard, et en plus, c'est une filière, pas la peine d'expliciter, pas vrai.

Je me suis inscrite en première année de médecine. Je suis tombée amoureuse et j'ai foutu mon année à l'eau. Et puis, c'était même pas vraiment ce que je voulais faire, je n'ai jamais eu aucun regret d'avoir raté. Par contre, de n'avoir pas dit mes sentiments, ça oui, je l'ai regretté.

Après, j'ai galéré. De la fac à l'école de biochimie ...

A la maison, toujours la même chose. Les claques avec la bague retournée de ma mère. Les gifles de mon père (il n'a jamais levé la main sur mes frères), les humiliations quotidiennes.  La routine quoi. Même pas la peine de s'étendre dessus. De temps en temps, une crise (je me suis tailladée un bras, ou avaler un tube entier de lexomil. Pas pour me suicider, les gens ont du mal à comprendre, mais parce qu'il me fallait que je me fasse mal au corps pour oublier ma souffrance morale).
Quelques copains ... qui auront peu duré, mais il est avéré aujourd'hui que je suis incapable de me faire des ami(e)s. Je n'en fais plus une maladie. Seule j'ai été, seule je suis, seule je resterais.

A un moment donné, j'ai pris la décision de faire un BTS. Compta gestion. J'en avais marre de la bio qui ne me menait à rien. Avec la promesse de partir dès que je le pourrais. J'ai vécu tant bien que mal. A faire des rencontres sur internet, je me sentais très seule.

J'ai essayé de passer mon permis pour la troisième fois. J'avais choisi un stage accéléré cette fois ci, pour être dans le "rythme". Las. Premier jour de stage, premier jour de grève des inspecteurs qui devait durer deux mois. N'ayant plus les moyens de conduire jusqu'au passage du permis, j'ai abandonné. Il sera dit que je n'aurais jamais mon permis. Et aujourd'hui que j'aurais le temps de le passer, je n'ai plus l'argent pour le faire.

A partir de mon BTS, ma vie a été plus pépère.
Finalement, 6 mois après l'obtention de mon BTS, j'ai rencontré mon mari, venu de Toulouse pour me voir. Je rentrais dans une période faste de ma vie, puisqu'une semaine plus tard je trouvais un boulot qui allait se transformer en CDI (le seul et unique CDI de ma vie).
Cette période faste n'aura que peu duré. 9 mois plus tard, zhom me quittait sur un prétexte fallacieux. J'allais quand même le récuperer (RTT posée, un voyage surprise). Et 3 mois plus tard, démission de mon CDI (bouuuuuuuuhhhhhhhhh) pour aller vivre à Toulouse. A l'époque, mon patron voulait me garder. C'était la seule fois où ça m'est arrivé. Enfin, les regrets sont relatifs, parce que j'ai appris par la suite que la boite ayant été rachetée, mon poste avait été supprimé et mon remplaçant licencié. J'aurais fini au chômage un an plus tard quand même !

Toulouse, ô toulouse !

Arrivée à Toulouse, j'ai mis 9 mois à trouver du boulot (j'ai toujours mis très longtemps à trouver du boulot, aller faire ça quand votre confiance en vous est proche du néant). Avec la désagréable sensation de me faire entuber. Pourquoi ? Parce que mon salaire + 13ème mois + vacances + prime de précarité (car CDD) était égal à mon salaire lyonnais sans rien  ! J'ai quand même pris parce qu'il faut bien bosser.
Là, l'horreur. Pression, ambiance mortelle et désagréable. J'ai fait une décompression. Avec tout ce que j'avais subi auparavant, j'ai pas supporté cette boite. Grosse dépression. Je pleurais en me levant le matin, j'arrivais plus à avancer le matin, j'avais les jambes physiquement lourdes. Je vais voir un premier médecin. Qui me diagnostique de l'hypertension (j'en avais jamais eu!), qu'il impute à mon poids. Je pleurais dans son cabinet, et lui me sort qu'il faut que je fasse un régime ! Je n'y ai jamais remis les pieds. Bref, j'ai tenu encore deux mois. Et craquage total. Je trouve un autre médecin, qui elle me comprend.

Mais elle m'envoie chez un psy de sa connaissance, et ça ne s'est pas très bien passé.
Bien simple, selon lui, tout ce qui m'est arrivé, c'est de ma faute. Et c'est parce que tout est de ma faute, que je ne suis pas capable de comprendre (puisque je pense, moi, que c'est pas particulièrement de ma faute) mes erreurs, et donc, je ne suis pas capable de m'en sortir (là avec le recul, peut être qu'il n'a pas tout à fait tort, mais j'expliquerais plus tard). Hospitalisation (j'étais vraiment devenue une loque). Les trois premiers jours, il m'a shooté. Et quand je dis shootée, c'est peu de le dire. J'ai passé mes journées à dormir sous l'effet des médicaments. Je vous assure qu'il n'a pas du y aller avec le dos de la cuillère, parce que je suis du genre à avoir du mal à dormir. Et on me disait " ah mais le dr X est passé, mais vous dormiez" ! Formidable ! Il m'avait dit qu'on se verrait pourtant !
Quatrième jour, enfin un peu réveillée. Je me balade dans le jardin. Où je trouve des seringues, des bouteilles d'alcool vides, où je croise des zombies. Pour quelqu'un qui souffre d'angoisse, c'est un environnement complètement rassurant. Le dr X n'est jamais revenu me voir. J'avais prévu des sachets de bonbons pour tenir le coup, je sentais que j'avais bien fait. Tant pis pour les kilos.
6 ème jour, j'appelle mon homme et lui dit que j'en peux plus je veux sortir. Ma mère vient me chercher pour aller à Lyon.

Je me bats contre mes angoisses. Un jour, je suis prise en pleine rue d'une forte angoisse. Tellement forte, que je me plie de douleur en deux. Tellement forte que je me suis fait dessus. Voilà contre quoi je me bats.
J'ai fait de l'hypnose, des psychothérapies, de l'acupuncture.

Ma relation avec mes parents est toujours aussi compliquée. Chaque occasion est pour ma mère de me rappeler combien je suis "nulle". Elle m'appelle pour se faire croire qu'elle m'aime. Mais elle n'hésite pas à me dire que j'ai l'air d'être en fauteuil roulant sur une photo de mon mariage. Elle n'hésite pas à me traiter de garce et de salope parce que je refuse d'être caution solidaire pour un prêt (à taux variable sur 25 ans !) dont les mensualités sont de 1100 euros par mois alors que mon salaire est de 1000 ...

De cette histoire, j'ai des séquelles. La carapace d'insensibilité a disparu, je suis à nue, je suis hypersensible. Je ne supporte plus le stress ni la pression, j'ai parfois des problèmes de concentration, et je suis encore sujette aux crises d'angoisses et aux coups de cafards.

J'ai perdu mon dernier boulot, dans lequel j'étais bien, parce que j'étais enceinte.

Je suis tellement maladroite que je n'ose pas imaginer faire un métier manuel et/ou qui impliquerait trop de responsabilités parce que je suis étourdie, et pourtant, j'adorerais venir en aide aux gens. Je ne peux pas faire un métier où je côtoierais trop de souffrance parce que je n'ai plus les épaules pour le supporter.

Je suis tellement timide que je n'ai pas d'amis. Les gens ne cherchent même pas à savoir qui je suis.

Il y a pourtant un truc dont je suis sure. Et ça je suis sure de ne pas l'inventer. Je suis fondamentalement gentille. Pas gentille au sens de "brave bête", mais au sens noble du terme. J'ai toujours joué collectif avant de penser individuel. J'ai toujours pensé au bien être des autres avant de penser au mien. Je suis déçue avec les autres quand ils sont déçus, je suis triste avec eux. Je ne refuse jamais un service à qui ose me le demander si je peux le faire. Mais ça, c'est un truc qui ne se voit pas. Et quand je vois que mes voisins ne me disent pas bonjour si je ne prends pas moi la peine de le faire (et quand je le fais, ils ne répondent pas forcément en plus), voir m'ignore délibérément parfois, ça fait mal. On dirait que j'ai la tête de quelqu'un de pas fréquentable alors que c'est tout l'inverse. Mais si vous avez bien tout suivi, ça ne date pas d'hier ;)

Mon mari ne m'aime probablement plus assez pour avoir envie de faire des efforts pour moi. Moi je l'aime toujours comme avant. Si je partais, je me retrouverais seule parce que nul doute qu'il n'y aurait personne pour le remplacer. Et en restant, je fais une croix sur un truc important dans un couple. Je sais pas où j'ai foiré. J'ai pas changé, j'ai perdu tous mes kilos de grossesse, je sais pas où j'ai foiré. Pour lui, j'ai basculé dans la catégorie maman irrémédiablement. Je ne suis pas chiante, je ne suis pas jalouse, plutôt facile à vivre. Je dis ça j'essaye d'être la plus objective possible, c'est pas facile pour moi. Je sais pas où je foire. Il préfère la compagnie de son ordinateur. Qu'est ce qu'il a de plus que moi celui là ? Je sais pas où je foire.

Au niveau boulot, j'ai foiré.
Au niveau mariage, je sens que je foire.

Quand je vois ce que j'ai vécu, et les emmerdes qui m'arrivent encore, je me dis que finalement, ben, ce que j'ai fait pour avancer malgré tout ça ne devait être rien, puisque j'ai pas le droit à un peu de repos.

A bientôt 32 ans, je rate tout ce que je fais. Je ne suis pas capable de citer un seul truc que je peux réussir de façon certaine. Rien, nada.

Malgré tout, je suis quelqu'un qui essaye d'être le plus agréable possible, je ne me force pas pour être gentille non plus, et je ne suis pas suicidaire. Je vis juste une période difficile.

Mais par pitié, toi qui aura lu le courage de tout lire, surtout ne juge pas sur les apparences. Parce qu'on ne sait jamais ce qu'il y a caché derrière la souffrance. Donne toi le temps de connaître les gens et de les comprendre, tu en ressortiras grandis et enrichi.

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Commentaires
I
Bonjour,<br /> <br /> même si nous ne nous connaissons pas et ne nous connaitrons probablement jamais, sache que ce que tu écris me touche et que je voudrais bien te remonter le moral, même si je ne sais pas comment... En tout cas tu as toute ma sympathie et j'espère que ça va s'arranger pour toi, d'ailleurs, on dit toujours que la roue tourne, mais parfois elle met du temps. Du courage pour toi et un peu de chance aussi. Bises.<br /> <br /> Isa
H
Je te cite : "A bientôt 32 ans, je rate tout ce que je fais. Je ne suis pas capable de citer un seul truc que je peux réussir de façon certaine. Rien, nada."<br /> <br /> Tu as tort. Tu as fais une merveilleuse fille, avec qui tu - par ton vécu - lieras une superbe relation, car tu sais parfaitement ce qu'il ne faut pas faire en tant que mère. Tu ne seras pas parfaite, évidemment, personne ne peut l'être. Mais tu feras de ton mieux et avec amour. C'est bien là tout ce qu'on demande à une maman ;)
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