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Big Chose
4 mars 2011

La misère du monde - Pierre Bourdieu

C'est cette fatalité, celle du sous emploi que subissent de manière redoublée les victimes privilégiées de l'échec scolaire et de la discrimination, qu'il faudra conjurer si l'on veut que les rues du "Val Saint Martin" méritent un jour les noms de fleur qui leur furent donnés, un peu imprudemment, par quelque technocrate chargé du "développement social urbain".

Toi qui est décoré à l'extérieur, quel est ton état à l'intérieur ? Proverbe Arabe.

Elle voit s'approcher les menaces qu'elle pensait avoir définitivement écartées de leur vie, la grossièreté et la promiscuité populaire, et dont l'achat du pavillon symbole de la bienséance, de la propriété, du "chez-soi" semblait pour un temps les avoir libérées.

La manière dont les médias choississent et traitent ces malaises dit au moins autant en définitive sur le milieu journalistique et sa façon de travailler que sur les groupes sociaux concernés.

Même si l'observation attentive de la vie ordinaire dans ces banlieues, avec ses problèmes quotidiens, est plus éclairante, la plupart des journalistes tendent à se focaliser sur la violence la plus spectaculaire, et par là, exceptionnelle.

Leur seul recours, c'est la violence, mais pas la violence pour faire du mal. C'est plutôt un cri d'appel pour dire "attention, nous, on est là, on existe".

A la différence des émigrés qui sont venus en France il y a une trentaine d'année et qui, malgré leur vie de misère, sont restés à leur place sans rien revendiquer, ayant toujours conservé de la gratitude et de la reconnaissance à l'égard d'un pays qui les as accueillis, leurs enfants, qui ont toujours vécu en France, voudraient bien être considérés comme des Français et acceptent d'autant plus mal leur marginalisation.

Et si, dans leur myopie technocratiqueet leur fixation fascinée sur la performance financière ) court terme, les élites dirigeantes hexagonales, de gauche comme de droite, devaient persister dans la politique néo-libérale d'abaissement du secteur public et de mercantilisation rampante des rapports sociaux qui a été la leur depuis le milieu des années 70, on ne doit pas exclure le pire : l'utopie négative, lointaine et effrayante, pourrait devenir réalité.

Le silence à un moment donné peut faire suite à [être suivi d'] une explosion.

Tout ce corps de lieux commune, élaborés dans des lieux de rencontre spécialement aménagés afin de favoriser les échanges entre "penseurs" en mal de pouvoir et puissants en mal de pensée (revues, clubs et colloques) et inlassablement ressassés dans les journaux et les hebdomadaires, exprime très directement la vision et les intérêts de la grande noblesse d'état, issue de l'ENA et formée à l'enseignement de science Po. Ce sont ces nouveaux mandarins, friands de primes et toujours prêts au pantouflage, qui, las de prêcher l'esprit de "service public" (pour les autres), comme dans les années 60, ou de célébrer le culte de l'entreprise privée, surtout après 80, prétendent gérer les services publics comme des entreprises privées, tout en se tenant à l'abri des contraintes et des risques, financiers ou personnels, qui sont associés aux institutions dont ils singent les (mauvaises) moeurs; en matière de gestion du personnel notamment.

 

 

 

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